Le rapport sur la stabilité du système financier décrit une série de scénarios catastrophes qui pourraient conduire à une crise semblable à celle de 2008 ; il laisse par ailleurs entendre, qu’il n’est pas utile d’appliquer les recommandations prévues aux termes du rapport STROM, les ménages étant déjà plus qu’engagés dans des prêts et crédits.
Selon le rapport publié le 27 juillet 2016 et traitant de la stabilité des banques et du système bancaire, l’exposition de ces-derniers a largement augmenté au cours des 6 derniers mois, du fait d’une augmentation des prix de l’immobilier conjugué aux prêts octroyés aux ménages.
C’est la stabilité des différents acteurs de ce marché – banques, compagnies d’assurances et de cartes de crédits – et donc de l’Économie israélienne qui serait mise en danger en cas de baisse drastique des prix de l’immobilier, une baisse des obligations d’État ou sociétés, ou encore une baisse du pouvoir d’achat des ménages.
Les banques contrastent cependant ce scénario catastrophe en avançant qu’elles ont augmenté leurs fonds de garanties hypothécaires [ndlr : fonds immobilisés pour garantir un prêt bancaire ; l’augmentation de ces-derniers a notamment dernièrement provoqué une augmentation des taux d’emprunts], et que bien que le volume total des financements est augmenté, les emprunteurs se tournent de plus en plus vers des compagnies de financement (cartes de crédits) ou encore des compagnies d’assurances, si bien que leur risque n’a pas augmenté.
La rédaction de ce rapport est l’une des dispositions prises suite à la crise de 2008 : les régulateurs ont compris qu’il n’était pas suffisant de vérifier la stabilité de chaque banque ou organisme financier individuellement, mais qu’il fallait vérifier la stabilité de l’ensemble du système financier, tout en faisant des recoupements d’informations.
Pour ce qui est de la BCI – Banque Centrale d’Israël, elle poursuit selon la ligne qui était déjà la sienne lors de l’élaboration du rapport STROM. La BCI explique que bien que les ménages israéliens soient dans les mêmes proportions que ceux du reste du monde occidental en matière d’endettement, lorsque l’on s’intéresse à la part que prend le financement d’un bien immobilier dans cet endettement, les foyers israéliens dépassent de loin le reste des foyers occidentaux.
Ainsi, depuis mai 2015, les emprunts contractés par les ménages ont augmenté de 4.70 %, et ce en grande partie pour de l’immobilier. Ajoutons à cela l’augmentation des prix de l’immobilier pour la même période – en moyenne 7.80 % – et l’on comprend les craintes de la BCI quant aux conséquences d’une baisse des prix de l’immobilier ou encore du pouvoir d’achat pour les banques israéliennes.
» Le fait que le volume des crédits immobiliers, conjointement aux prix de l’immobilier aient augmenté rapidement et de manière conséquente en peu de temps représente un danger » selon la BCI qui argue qu’en » cas de forte chute de l’immobilier et saisie de biens, les salaires ainsi que l’Économie toute entière s’en trouveraient affectés. Pour peu qu’à un tel scénario s’ajoute une augmentation des taux – par exemple due à une augmentation du risque pays et de sa notation en baisse pour cause d’intifida ou de sanctions internationales – les ménages rencontreront des difficultés accrues pour rembourser leurs crédits. »
C’est exactement comme ça qu’à débuté la crise des Subprimes, pire crise depuis le Krach boursier de Wall Street en 1929.
La BCI tempère donc les recommandations du rapport STROM : sur fond de forte augmentation ces-derniers temps du volume des crédits contractés par les ménages, ce n’est peut-être pas le moment de leur faciliter l’accès à encore plus d’emprunts….pour peu que ce le soit un jour. De fait, le volume des crédits est déjà suffisamment – voire très – important et une augmentation de ce-dernier pourrait conduire à une crise financière.
Et la BCI de conclure sur un autre scénario catastrophe : les portefeuilles des banques et compagnies d’assurances sont composés à 13.50 % de Corporate Bonds (obligations de sociétés), mais ceux des ménages, par le biais de fonds d’investissements, le sont à 23 %.
Pour peu que les ménages décident massivement de liquider leurs portefeuilles donnés en gestion aux fonds d’investissements, les Corporate Bonds chuteraient ce qui affecterait également les portefeuilles des banques et compagnies d’assurances, qui n’auraient alors d’autres recours que de diminuer le volume des crédits en cessant d’octroyer des prêts ou en poussant à les rembourser, d’où une chute du pouvoir d’achat, chute de la demande immobilière, chute des prix de l’immobilier, etc…..
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