Hai RIANI, analyste au sein de l’agence de notation Moody’s a accordé un entretien à Globes.
« Une personne pouvant acheter un bien immobilier dans l’une des grandes villes européennes jouit d’une meilleure stabilité financière que ceux en possédant un dans leur périphérie, ou encore ceux louant un logement ».
Vous pensiez qu’il n’y avait qu’en Israël que les prix de l’immobilier augmentaient plus vite que les salaires ? Erreur.
Hai RIANI, analyste au sein de l’agence de notation Moody’s, constate que « dans les grandes villes européennes, cette tendance s’observe depuis 2005, et que depuis 2012, les prix augmentent plus vite que les salaires » ; ses dires s’appuient bien évidemment sur un rapport rendu par l’agence de notation à ce sujet.
Globes : Combien d’années de travail faut-il pour faire l’acquisition d’un bien immobilier dans une grande ville d’Europe ?
RIANI : « En 2018, il fallait 15 années contre 12 durant la période 2005 – 2007.
Quelques exceptions, telle que Madrid pour laquelle ce nombre est plus bas en 2018 qu’en 2012, bien qu’en progression depuis 2015.
À noter également que les prix augmentent plus vite dans les grandes villes que dans leur périphérie ; en d’autres termes, une personne pouvant acheter un bien immobilier dans l’une des grandes villes européennes jouit d’une meilleure stabilité financière que ceux en possédant un dans leur périphérie, ou encore ceux louant un logement ».
Globes : Quel impact sur le marché locatif ?
RIANI : « Ceux n’ayant plus accès à la propriété foncière et souhaitant tout de même vivre dans les grandes villes se rabattent sur les locations qui sont en plein essor, d’où augmentation des loyers dans les grandes villes.
Les locataires voyant leur loyer augmenter peuvent donc moins économiser et…diminuent leurs possibilités d’accéder à la propriété foncière.
Les grandes villes étant des pôles économiques, l’on y observe un taux d’augmentation de la population supérieure à celui des autres villes ».
Globes : Quel rôle joue Airbnb et autres assimilés ?
RIANI : « L’on peut en effet imputer une partie des augmentations aux locations saisonnières, qui ont actuellement le vent en poupe, avec en tête Lisbonne, Paris et Amsterdam où le ratio entre appartements destinés aux locations saisonnières et population y est le plus élevé.
De fait, ces appartements diminuent le nombre de ceux disponibles pour le marché locatif dit classique et font mécaniquement augmenter le prix des locations, d’où augmentation de la rentabilité pour leurs propriétaires, qu’il s’agisse de locations court-terme ou classiques ».
Globes : La situation dans les autres grandes villes du monde est donc similaire à celle de Tel Aviv ?
RIANI : « La population de Tel Aviv augmente d’environ 2 %/an.
L’un des problèmes majeurs en Israël est qu’il faudrait livrer au minimum 50,000 nouveaux logements chaque année ; or, en pratique, nous sommes dramatiquement en deçà de ces chiffres.
La demande ne cesse donc d’augmenter que ce soit à l’achat comme à la location, à plus forte raison lors des temps forts de la politique qui fut menée par l’ancien ministre des Finances, Moshé KAHLON, ayant poussé nombre d’investisseurs à vendre leurs appartements, ce qui ne fut pas sans conséquence sur le marché locatif.
Que ce soit en Israël ou à l’étranger, les grandes villes devraient continuer à se développer notamment en matière de tours de bureaux qui attirant de nouveaux employés dans ces villes auront un impact sur le marché immobilier ; de fait, les gens souhaitent travailler à proximité de leur lieu de travail.
En ce sens, le projet de Tramway et métro actuellement en cours de construction à Tel Aviv et sa périphérie permettra de palier à cette situation en partie, mais également de faire augmenter la demande aux abords des nouvelles stations.
Ainsi, à situation similaire, issue similaire : pas de baisse des prix à l’horizon dans les grandes villes européennes et Tel Aviv ».
Globes